La reine de Saba
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La reine de Saba

Editions ROBERT LAFFONT
Format Broché

Auteur : Marek Halter
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Description

C'était une aube fraîche. La pluie de la nuit maintenait des brumes épaisses, voilant encore l'immensité de la plaine. Les dalles de la terrasse luisaient. Ainsi que les jours précédents, Akebo le Grand s'était éveillé avant tous. On eût dit qu'Almaqah, le dieu de toutes les volontés, veillait lui-même à ce qu'il soit debout pour le premier rayon du soleil.
Si cela était, Akebo lui en rendait grâce. La saison des pluies s'achevait. Le baiser du jour sur les murs de Maryab était redevenu un bonheur et un apaisement.
Durant cinq lunes, Almaqah avait fait gronder les orages. La foudre avait tranché sans relâche les ciels obscurs. Les pluies avaient inondé les sols et gonflé les wàdis comme si les larmes de l'univers tout entier s'y étaient ruées.
Disciplinés et infatigables, les hommes de Saba avaient accompli leur devoir. Courant d'une digue à une vanne, renforçant les parapets et les môles, nuit et jour dégageant les limons, déblayant les canaux, ils avaient apaisé la fureur des crues, les canalisant vers les champs et les vergers. Une fois encore, la toute-puissance d'Almaqah n'avait pas engendré la destruction mais la manne céleste de l'ensemencement.
C'en était fini. Nuages, foudres et pluies se retiraient sur les à-pics des montagnes qui cernaient la plaine de Maryab. Le bonheur pouvait danser dans le cur d'Akebo. Il avait assez vécu pour savoir qu'il n'était pas de plus grande splendeur au monde que la caresse du soleil sur les montagnes et les plaines de Saba. Et le lever du jour en était le cadeau offert aux hommes sages par les dieux rassasiés.
Serrant son manteau de laine rêche sur son torse nu, il s'avança jusqu'à la murette de pierre qui bordait la terrasse à l'aplomb de la falaise ouest. La lumière était encore timide. Aucune ombre ne se dessinait. L'humidité des dalles étouffait le frôlement de ses sandales. Pourtant, lorsqu'il posa sa main droite sur les briques vernissées, les cornes des guetteurs retentirent.
Dans les tours de guet qui surplombaient le palais et les murailles de la ville, on l'avait vu. Les gardes soufflaient trois fois les feulements puissants qui annonçaient au peuple de Maryab qu'Akebo le Grand était debout, les yeux ouverts sur son royaume.
Ses lèvres frémirent de satisfaction. En réponse aux guerriers de faction, il dressa haut sa main gauche.
Cette main qu'il pointait vers les brumes, tous la reconnaissaient de loin. Une main qui chauffait leur courage dans les combats. Une paume de fer avec seulement deux doigts : le pouce et l'index. Entre ce pouce et cet index, nul ne l'ignorait, Akebo pouvait briser le cou d'un homme aussi aisément qu'une cosse de caroube.
Le souffle rauque des cornes se dissipa dans les lambeaux de brume. On eût dit que le ciel se pliait, lui aussi, au signe destiné aux serviteurs. Une bourrasque se leva, venant de l'est. Elle repoussa la laine de l'humidité qui stagnait entre les murs des jardins, dans les bosquets et le long des clôtures. Encore laiteux, le soleil s'insinua entre les rouleaux de brume, les déchirant, les écartelant jusqu'à ce que les doigts de Sham dorent enfin les tours du palais et en étirent l'ombre sur les toits de la ville. Alors, les verts infinis qui modelaient le plateau jusqu'aux contreforts des montagnes se déployèrent un à un, sertis par les miroitements des canaux d'irrigation, ainsi que les pièces innombrables d'un joyau à l'entrelacs d'argent.
Akebo plissa les paupières. Alentour de la ville des hommes déjà poussaient des mules bâtées sur les chemins de terre qui sinuaient entre les champs et les bosquets de balsamiers et de lubân. Ici et là, on voyait les enclos des troupeaux de chameaux à laine noire, les toitures de palmes des granges aux murs de torchis. La richesse de Saba s'éveillait. Dans quelques heures le soleil lèverait les parfums et dans moins d'une lune le peuple de Saba commencerait les première récoltes des feuilles d'aloès au suc plein de vertige. Puis viendrait le temps de la myrrhe et de l'encens. L'or de Saba était dessus le sol aussi bien que dessous. Il pouvait être vert aussi bien que scintillant.
Akebo tressaillit. Une main menue venait de se fermer sur son index et son pouce.
La trompe m'a réveillée.
Makeda ! Son enfant chérie et unique. Tout à la beauté qui s'offrait devant lui, Akebo ne l'avait pas entendue venir.
Bonjour, ma fille.
Bonjour, mon père. Je savais que tu étais là. J'ai couru avant que Abi-Alwa veuille me mettre ma robe de jour.
De fait, elle était pieds nus, son petit corps élancé recouvert d'une simple tunique de nuit. Sa chevelure épaisse, en désordre, aux boucles drues teintées de reflets de cuivre lui couvrait les épaules. Assurément, ce n'était pas ainsi qu'une jeune princesse devait se présenter devant son père.
Akebo sourit au lieu de gronder.
Avait-il jamais fait autre chose lorsqu'il s'agissait de Makeda ?
La beauté de sa fille équivalait à la beauté de la plaine de Maryab et, à six ans, son caractère était déjà le miroir de celui de son père. Il n'avait aucune raison de se plaindre du cadeau que lui avait fait Almaqah. Même si cela avait été au prix de la plus terrible perte. Même si, en secret, une nuit, il avait versé des larmes.
Comme si Makeda devinait les pensées de son père, elle serra un peu plus fort sa puissante main amputée de ses doigts fragiles.
Cette nuit, annonça-t-elle, maman est revenue me voir dans mon sommeil. Elle te fait dire qu'elle est heureuse et qu'elle compte le temps qui la sépare de nous.
L'émotion durcit les traits d'Akebo. Il ne répondit pas. Makeda ajouta avec un soupir :
Plus que trois jours et deux nuits !
Akebo approuva d'un grognement.
Il partageait l'impatience de sa fille. Plus que trois jours et ils franchiraient, main dans la main, l'enceinte de Mahram Bilqîs, le plus grand des temples qu'un homme de Saba eut élevé à son dieu et le plus beau des sanctuaires qu'on eût bâti pour accueillir l'âme d'une défunte : Bilqîs, mère de Makeda, fille de Yathî'amar Bayan, épouse d'Akebo le Grand, mille fois aimée et mille fois pleurée.
Malgré les pluies et la foudre, mille ouvriers avaient achevé ses murs énormes, taillé les pierres, dressé ses colonnes avant que la saison des récoltes commence. Pace que ce temple était élevé à un galop de cheval de la ville, tout près du lit du Wàdi Dana et au carrefour de tous les chemins parvenant à Maryab, aucun marchand, aucun voyageur, aucun seigneur ne pourrait plus franchir les murs de la cité sans y déposer ses offrandes.
La main de Makeda tira sur celle d'Akebo.
Viens avec moi.
Il se laissa faire. Il savait où elle l'entraînait. Une sorte d'alcôve au toit en forme de dôme s'ouvrait à l'opposé de la terrasse. Elle contenait une maquette du temple, modelée en terre cuite. Fascinée, Makeda avait passé des heures entières à la contempler alors que la pluie lui interdisait d'aller se promener sur le chantier.
D'un seul regard, comme s'ils étaient des oiseaux, la maquette leur permettait de contempler l'immense enceinte. Sa courbe, rebondie à l'ouest et creusée à l'est, copiait celle du ventre d'une femme enceinte. Akebo avait veillé lui-même à ce que cette forme lui rappelât précisément le ventre de Bilqîs alors qu'elle portait le ftus de Makeda.
Makeda fit basculer le minuscule ventail de bronze qui ouvrait l'enceinte à l'échelle de la maquette. Elle fit glisser à l'intérieur un taureau de bronze à peine gros comme son doigt.
Les prêtres iront devant avec les souffleurs de corne, expliqua-t-elle, comme si son père ne savait encore rien de la cérémonie à venir et qu'elle-même ne lui en avait pas déjà raconté quelques dizaines de fois. Mais nous serons juste derrière le taureau.
Elle poussa l'animal de bronze sur le sable répandu dans l'espace de la cour.
Derrière nous, il y aura les gens du palais, les prêtresses et les porteurs des statues pour le sanctuaire. Et encore derrière, viendront les femmes avec les fleurs, la myrrhe et les encens. Et quand nous serons tous à l'intérieur, il faudra donner l'ordre de refermer les portes.
Ce qu'elle fit aussitôt sur la maquette.
Les autres resteront dehors, et voilà !
Son doigt désigna le sanctuaire d'Almaqah, élevé sur la partie incurvée de l'enceinte.
Il n'y a que nous qui pourrons nous approcher...
Un péristyle riche de trente-deux colonnes de granit alignées par rangs de huit. Chacune serait alors flanquée d'une statue de bronze à l'image des puissants de Saba.
Les porteurs des statues viendront se mettre en rangs devant les vasques d'offrandes. Himyam fera signe aux prêtresses et elles allumeront les feux de parfums...
Sans la quitter du regard, Akebo devina que les serviteurs se pressaient maintenant sur la terrasse. Aucun n'osait approcher tant qu'il n'en donnerait pas l'ordre. Il ne leur accorda aucune attention et poursuivit le jeu avec Makeda :
Te souviens-tu des paroles que tu devras prononcer aussitôt que les fumées s'élèveront ?
Makeda réprima un haussement d'épaules. Son ton vibra d'ironie. Cette question était une insulte à son savoir :
Moi, Makeda, fille de Bilqîs, fille d'Akebo le Grand, princesse de Saba, je suis devant ton sanctuaire, ô Almaqah, Tout-Puissant de la vie, Tout-Puissant de la colère du ciel. Mon père Akebo le Grand est ton sang sur terre, il te fait offrande de ma naissance comme il te fait offrande de ce temple pour que ma mère Bilqîs, ta bien-aimée servante, demeure assise à la droite de ton trône, pour toujours et toujours...

Marek Halter
La Reine de Saba



Le Cantique des cantiques


[...] Te voilà si belle
Mon amie
Te voilà si belle
Tes yeux
Oh des colombes

Te voilà si beau
Mon amour si gracieux
Notre lit
Si frais
Les poutres

Caractéristiques

9782221109076
15.40 cm
24.10 cm
2.80 cm
0.51 kg
10 Produits
Caractéristiques
Format
Broché
Auteur(s)
Marek Halter
Date de parution
16/10/2008

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