Le tueur aveugle

Iris et la véritéJe reviens sur ce que j'ai écrit et je sais que ça ne va pas, non à cause de ce que j'ai couché sur le papier, mais à cause de ce que j'ai omis. Ce qui n'est pas là a une présence, comme l'absence de lumière.Tu veux la vérité, bien entendu. Tu veux que j'additionne deux et deux. Mais deux et deux ne donnent pas nécessairement la vérité. Deux et deux égalent une voix de l'autre côté de la fenêtre. Deux et deux égalent le vent. L'oiseau vivant ne se résume pas à ses os dûment numérotés.Iris et le temps qui passeQuand on est jeune, on croit que tout ce qu'on fait est jetable. On va de maintenant en maintenant, en froissant le temps qu'on a en main, en s'en débarrassant. On est son propre bolide. On croit qu'on peut se défaire des choses et des gens aussi les laisser. On ne sait pas encore qu'ils ont la manie de revenir.Le temps, dans les rêves, est figé. On ne peut jamais se dépêtrer de l'endroit où on est allé.Iris et le secretJe me demande ce qui est préférable évoluer, notre vie durant, dilatés par nos secrets au point d'exploser sous la pression à laquelle ils nous soumettent ou en être purgés, purgés de tout paragraphe, de toute phrase, de toute parole les renfermant, si bien qu'on finit par se retrouver vidé de tout ce qui autrefois nous était aussi précieux que des pièces d'or, aussi proche que notre peau tout ce qui avait pour nous la plus grande importance, tout ce qui nous donnait envie de rentrer sous terre, tout ce qui nous appartenait en propre , et contraint de passer le reste de notre vie à l'image d'un sac vide claquant dans le vent, un sac vide frappé d'une étiquette fluorescente de sorte que tout le monde peut connaître les secrets que nous abritons ?En bien ou en mal, je n'ai aucun parti pris.